Les disciplines

Vitesse et Difficulté

Trouver sa route, en défiant l’apesanteur !

En France l’escalade était la petite sœur de l’alpinisme, elle ne servait la plupart du temps qu’à se préparer pour entreprendre des voies d’alpinisme. A travers cette rubrique, nous allons décrypter les deux disciplines présentes sur la place du mont-Blanc, la vitesse et la difficulté. Nous ferons un petit retour sur l’escapade aux JO de Tokyo des frères Mawem.

La vitesse : Grimper plus vite !

Parmi les différents types d’escalade, la vitesse est sans doute la plus impressionnante. Créée pour les compétitions, elle est adulée par les spectateurs qui sont transportés et impressionnés par la rapidité des athlètes.

L’escalade de vitesse est plutôt récente, elle a été inventée par les russes il y a seulement une cinquantaine d’années. Cette discipline a été officiellement reconnue par les instances internationales au début des années 90.

Voici les règles : deux athlètes s’affrontent en duel sur deux voies identiques de 15 mètres, côte à côte. Au signal sonore, les grimpeurs démarrent leur ascension. À leurs pieds, un paillasson connecté déclenche le chrono dès que le dernier pied quitte le sol. Ensuite, le chrono s’arrête lorsque le grimpeur appuie sur le buzzer situé en haut de la voie. Le premier arrivé en haut remporte le duel.

Pour pouvoir comparer le niveau des athlètes de manière objective, la fédération internationale d’escalade (IFSC) a fait homologuer une structure et un type de mur qui est identique pour toutes les compétitions.

Pour les compétitions internationales de type coupe du monde ou Jeux Olympiques, les athlètes s’affrontent sur une voie de 15 mètres de haut. La voie fait toujours 3 mètres de large et son inclinaison est de 5 degrés. Les prises sont toujours les mêmes et elles sont toujours placées au même endroit. Il y a 40 prises de main et 22 prises de pieds. Au niveau de la cotation, on estime que la voie de vitesse équivaut à du 6b.

Le record actuel de 5,208 secondes est détenu chez les hommes par l’indonésien Leonardo Veddriq.
Chez les femmes, c’est la russe Iuliia Kaplina qui possède le record en 6,964 secondes.

La difficulté : trouver sa route pour monter le plus haut possible.

Il faudra attendre les années 60 pour que l’escalade prenne une véritable identité. Aux Etats-Unis l’escalade libre de haut niveau se développe de manière exponentielle. C’est seulement 20 ans plus tard dans les années 80 que ce phénomène se développera en France. La médiatisation de Patrick Edlinger marquera définitivement l’imaginaire collectif, l’escalade sportive est désormais installée.

En 1985 : les murs d’escalade fleurissent un peu partout en France. On commence aussi à voir la naissance de l’escalade de compétition en 1986.

Puis, c’est dans les années 90 que naîtront les premières salles privées. « En France il faudra attendre 1995 pour voir celle de Grenoble « Espace Vertical » ouvrir ses portes à des clients désireux de payer leur séance d’escalade. »
Aujourd’hui on dénombre plus d’une cinquantaine de salles d’escalade éparpillées dans toute la France. Avec leurs émergences, une nouvelle façon de pratiquer l’escalade est née.

Souvent appelée la « Diff », c’est la discipline la plus proche de l’escalade dite « en extérieur ».
Organisée sur des parois hautes de 15m environ, elle s’effectue sur des murs artificiels et des voies diversifiées, spécialement créées par des ouvreurs professionnels pour l’occasion.
Les grimpeurs sont sécurisés par une corde et un baudrier et grimpent « en tête ». Cela signifie qu’ils doivent passer leur corde dans des mousquetons au fur et à mesure de leur ascension pour assurer leur progression. L’escalade se fait « à vue », c’est-à-dire que les grimpeurs n’ont pas le droit de tester la voie, ni de regarder les autres concurrents grimper avant eux… (1/2 finales et finales)

Le « vainqueur » est celui qui atteint la plus haute prise de la voie, en un seul essai… (si égalité, un départage au chronomètre est possible)

La Coupe du monde de difficulté se déroule de la façon suivante :

1er tour – les qualifications
Les compétiteurs grimpent en tête et réalisent deux voies « flash », c’est-à-dire qu’ils peuvent visionner le parcours de la voie à effectuer par un autre grimpeur. 
Les prises sont “numérotées” dans le sens de la progression, et plus le grimpeur va haut avant de chuter, et plus il va marquer de point. Le maximum de point est pour celui qui “sort” la voie, c’est à dire qui clippe sa corde dans la dernière dégaine de la voie.
Seuls les 26 meilleures performances sont retenues pour accéder aux demi-finales.

les demi-finales
Les compétiteurs grimpent une nouvelle voie et disposent de 6 minutes maximum pour la réaliser. Seules les 8 meilleures performances sont retenues pour accéder à la finale.

la finale !
Les compétiteurs grimpent une dernière voie, “à vue”, dans un temps maximum de 6 minutes.

En cas d’égalité, les ex-aequo sont départagés sur leur classement en demi-finale ou des qualifications.

L’escalade un sport olympique : la discipline du combiné

Après plusieurs années de délibération, l’escalade a été finalement intégrée aux Jeux olympiques de 2020 à Tokyo. (Report 2021).

Durant cette première olympiade, un format « combiné » a été adopté. Les concurrents se sont affrontés sur une épreuve regroupant la vitesse, le bloc et la difficulté.

Cependant, à Paris 2024, le programme sera légèrement différent avec une épreuve de « bloc/difficulté » et une épreuve de vitesse qui devrait respecter les qualités physiques des athlètes en fonction de leur discipline de prédilection.

Les frères Mawem, les sprinters du vertical

Ces chorégraphes de la verticale en quête de médailles et de sensations ont réussi une prouesse en se qualifiant tous les deux dans la même discipline pour les JO de Tokyo.
Chez les hommes, seules deux places étaient autorisées par nations. C’est sans aucun doute grâce à leurs qualités physiques incroyables, leurs motivations et la force de la fratrie qui les a conduits au pays du soleil levant en août dernier pour porter haut les couleurs de la France.
Le nouveau concept créé uniquement pour la formule Olympique était un combiné de trois épreuves, vitesse, bloc et difficulté.

D’origine Guyanaise, ses deux frères métisses un brin golgoths, véritables fierté familiale ont fait leurs gammes en matière d’escalade en Alsace.
Très soudés depuis toujours, ils vivent « escalade », s’épanouissent « escalade », dorment « escalade », mangent « escalade » alors, cette qualification fut une consécration absolue.
Depuis 5 ans, Bassa l’ainé, spécialiste de la vitesse est installé à Nouméa en Nouvelle Calédonie où il dirige la ligue d’escalade en tant que directeur technique.
Mika (Mickaël), de six ans son cadet, l’expert du bloc a quant à lui choisi de s’entrainer au pôle France de Voiron avant d’entamer sa fraternelle aventure olympique.

Leur force : être partenaires et adversaires à la fois, mais frères avant tout ! Ils sont inséparables et incontournables dans le milieu de la grimpe. C’est un duo sérieux qui aime sérieusement s’amuser ! Une ambition commune, planter son étendard au pays des sushis !

Le jour J

Bassa avait pourtant brillé lors de l’épreuve de vitesse en établissant le tout premier record aux Jeux Olympiques en 5,45 secondes. Mais lors de l’épreuve de difficulté, il se blessa. Cette blessure entraina sa chute et il fut contraint à abandonner le lendemain lors de la finale.

Mika s’était qualifié pour la finale mais il savait que pour défendre ses chances de médailles, il faudrait être fort tant physiquement que mentalement.
Premier des qualifications la veille, il se posait en favori. Unique atout de cette finale pour la France, tous les espoirs reposaient sur ses épaules.
Troisième après l’épreuve de vitesse, il fallait forcément briller dans celle du bloc, sa discipline de prédilection. Il tint cependant quelque temps le haut du tableau mais malheureusement pas assez pour creuser l’écart… La tension fut à son maximum sur la dernière étape, la difficulté, mais sa prise lui échappa et le podium avec !

Il terminera 5e de cette compétition imprévisible, des étoiles pleins les yeux et surtout avec l’envie de revenir à Paris en 2024 !